Baptiste Fillon

(rien à voir avec François)

Le site de Baptiste Fillon, auteur du roman Après l'équateur, publié chez Gallimard, dans la collection Blanche.

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L'angoisse du gardien de but au moment du penalty, Handke

Je ne suis pas un grand amoureux du personnage de l’auteur, notamment au regard de ses positions sur la guerre d’ex-Yougoslavie, mais ce livre est un modèle d’efficacité narrative. Je n’ai pas vu le film que Wenders en a tiré. On se demande souvent si l’art peut changer le monde. Je n’en suis pas convaincu, mais ce petit ouvrage a agité ma vie, m’a incité à accueillir l’évidence, quand j’ai une tendance naturelle à trop penser, imaginer des complications existentielles qui n’ont pas lieu d’être.

Ce roman où l’auteur évoque sa mère avec une nostalgie étrangement distanciée, si mes souvenirs sont bons, me fait souvent office de raison pratique, me mène dans une sorte de sécheresse vitale, une diète de scrupules. Un Epictète du XXème siècle, qui rappelle qu’il suffit généralement de ne pas bouger pour parvenir à stopper la frappe du tireur. Le but de nos vies étant d’encaisser le moins de penaltys possibles, apparemment.

Ayacucho, Alfredo Pita

Une guerre qui ne dit pas son nom, sans vainqueurs et dont les perdants sont les pauvres gens d’Ayacucho, une ville située au sud-est de Lima, à dix heures de voiture. Ce livre vériste s’avance dans le fantastique à force de naturalisme, à la manière d’un roman de Sciascia. D’un côté, l’Armée et l’Eglise, de l’autre, la guérilla maoïste du Sentier lumineux. Au milieu, l’enfer pour tous. Massacres, disparitions, viols. Nous sommes entre la fin des années quatre-vingts et le début des années quatre-vingts dix. La mort attaque la nuit, aux détours, enlèvent les grandes gueules comme les innocents. Pas d’hymne, pas de profession de foi, juste la barbarie, une boucherie pornographique.

Crédit photo : Anaï Guayamares

Les lieux parlent, il suffit de les écouter. En quechua, “Ayacucho” signifie “coin des morts”. En 1824, c’est l’endroit où l’Espagne a capitulé pour de bon, lors d’une bataille dont certains disent qu’elle n’a pas eu lieu. C’est ici que les Espagnols ont abandonné l’Amérique latine à ces créoles qui ont depuis mené le continent dans ce cycle ininterrompu d’échecs et d’espoirs, qui tourne à la passion de l’argent, le racisme, l’indolence et le patriotisme.

Crédit photo : Anaï Guayamares

Un roman d’une crudité presque lyrique, qui s’oublie dans des épiphanies métaphysiques, face au néant habité de la Sierra ou le grand ciel étoilé qui observe les hommes tuer, copuler et mourir.

Crédit photo : Anaï Guayamares

Plotin ou la simplicité du regard, Pierre Hadot

La grande passion de Dieu ne quitte jamais l’humanité. Même aux temps de l’athéisme, quand on adorait la Raison ou Marx. La certitude de Dieu comme celle de son absence m’ont toujours interpellé. Plotin porte une inquiétude sereine, confiante de ne jamais être seul, et passionné par l’union avec ce qui est : l’éternel, sa simplicité parfaite, qu’il analyse en raison. Dans sa prose efficace et fascinée, Pierre Hadot épouse la vie et la pensée de Plotin, réchauffe la ferveur d’un penseur païen qui vivait pour s’unir à Dieu. 

Tout le paradoxe du moi humain est là : nous ne sommes que ce dont nous avons conscience et pourtant nous avons conscience d’avoir été plus nous-mêmes dans les moments précis où, nous haussant à un niveau plus élevé de simplicité intérieure, nous avons perdu conscience de nous-mêmes.
— Pierre Hadot, page 40

Hope (1886), George Frederic Watts, Tate Britain.

L’extase et l’oubli de soi dans l’Un, la quête fondamentale de la grâce dans l’absolu et le vivant, où se mêlent amour et beauté. Voilà Plotin, ou du moins ce qui me porte en lui : une lancée obsédante, un défi à trouver la merveille dans l’ordure, le merveilleux dans le trivial voire le sordide.  

Il faut cesser de regarder; il faut, fermant les yeux, échanger cette manière de voir pour une autre et réveiller cette faculté que tout le monde possède, mais dont peu font usage.
— Plotin (I 6, 8, 24.), page 35

La ballade du peuplier carolin, Haroldo Conti

Haroldo Conti a disparu en 1976. Les militaires l’ont assassiné. C’est un fantôme, un mythe, désormais. Il reste ses livres et ils valent pour l’éternité. Je viens de finir La ballade du peuple carolin. Ou plutôt j’en viens, comme on débarque d’un autre continent de la solitude et de la nostalgie. Il y a quelque chose de Pessoa chez Conti. La douleur infini du temps qu’on ne connaîtra plus, des histoires qu’on ne vivra pas, des vies qui auraient pu être la nôtre.

On pense généralement que les journées d’un arbre se ressemblent toutes. Surtout s’il s’agit d’un vieil arbre. Mais non. Une journée d’un vieil arbre est une journée du monde.
— Page 9

Il raconte Chacabuco, la ville de son enfance, l’oncle qui court comme un mort, celle dont tous sont amoureux, celui qui veut voler, comme un Léonard de Vinci qui aurait osé utiliser une de ses machines aériennes restées à l’état de dessins.

Alors, effaçant le temps et les distances, je les rassemble tous autour de cette table du souvenir que ce soir j’ai dressée pour eux.
— Page 115

Conti embrasse un combat épique et vain contre l’oubli, avec tendresse et empathie, une poésie quotidienne qui méprise le cabotinage, dans ce qu’elle a aussi de rude, d’aimant et de violent. Chaque mémoire est une fresque épique, où le temps n’existe pas. Le temps d’une vie, nous sommes éternels. De ce paradoxe fondateur de tout geste artistique, seuls les grands, comme Conti, savent donner la pleine mesure.

 

Microcosmes, Claudio Magris

C’est la première fois que je lis Magris. Honte à moi, je sais. Son livre est un périple dans les pliures des frontières issues de l’Europe des canonnières, entre Croatie, Tyrol, et les endroits morts d’une Trieste qui n’en finit d’oublier qu’elle fut une brillant nulle part, entre Autriche-Hongrie et Italie, entre Mitteleuropa et Méditerranée, entre Slaves, Germains et Latins. Aujourd’hui, une ville provinciale que je connais un peu, qui soupire après son passé brillant et déglingué, notamment les deux génies qu’elle a couvés : Joyce l’arsouilleur et Svevo, le bourgeois neurasthénique.

Magris parle brillamment, de tout et de rien, de toutes les nécessaires futilités qui font une vie : fidélité à un drapeau, idiomes éventés, souvenirs incompréhensibles, amourettes en genèse. Mais ce qui m’a le plus touché, c’est sa description de Svevo, de son essence d’écrivain, quand il évoque sa statue décapitée dans le Jardin Public de Trieste :

Cette tête manquante semble un des nombreux malentendus, erreurs, échecs, déboires et affronts qui constellent l’existence de Svevo, l’écrivain qui a scruté à fond l’ambiguïté et de le vide de la vie, voyant que les choses ne sont pas en ordre et continuant à vivre comme si elles l’étaient, dévoilant le chaos et feignant de ne pas l’avoir vu, percevant à quel point la vie est peu désirable et peu aimable et apprenant à la désirer et à l’aimer intensément
Pour ce génie - qui est descendu jusqu’aux racines les plus obscures de la réalité, qui a vu se transformer et se dissoudre toute identité et qui a vécu comme un honorable bourgeois et un bon père de famille - les choses allaient souvent de travers. Il était un “Schlemihl”, ce personnage de la tradition juive à qui on met toujours des bâtons dans les roues; un de ces malheureux irréductibles dont on dit que, s’ils se mettaient à vendre des pantalons, les hommes naîtraient sans jambes, un de ces maladroits et intrépides collectionneurs de catastrophes qui se relèvent indomptables après chaque culbute.
 

Le sabbat des sorcières, Ginzburg

Le sabbat des sorcières de Carlo Ginzburg est une immersion dans les traditions chamaniques et sacrées de notre civilisation, influencées par les Celtes, les Lapons, les peuples des steppes d’Asie centrale, les Grecs, et j’en passe. Ginzburg est un historien dont j’apprécie beaucoup le travail, notamment son ouvrage Les batailles nocturnes.

El aquelarre, Goya, 1797-98, Musée Lázaro Galdiano, Madrid.

Étudiant la sorcellerie et les superstitions, il ravive les existences minuscules d’hommes et de femmes censés ne pas avoir d’histoire. Des petites gens attachés aux transes, à la divination et aux périples mystiques, dont les obsessions sur la mort et le futur restent les nôtres. En lisant Ginzburg, je crois secrètement rechercher une réponse à la question honteuse et archaïque de savoir si la magie existe ou pas. Je cherche encore. L’interrogation est tenace.

La recherche reproduit, sur une petite échelle et sous une forme simplifiée, à la manière d’une expérimentation, une expérience qui est celle de tout un chacun : celle de pénétrer dans un monde que nous n’avons pas choisi, qui nous est pour l’essentiel inconnu, et dans lequel agir, signifie aussi (je ne dis pas surtout) être agi.
— page 420
 

La vie fragile, Arlette Farge

Je sors d’une période où il m’a été très difficile de trouver des ouvrages de fiction intéressants. Je me suis rabattu sur des récits et des livres d’histoire, notamment celui d’Arlette Farge. C’est taillé dans une écriture leste, tendre et attentive, amoureuse du Paris du XVIIIème siècle et de ses gens. A l’époque, le dedans et le dehors n’existent pas, la rue rentre chez vous et vous faites la rue, celle qui ébranle le roi ou le célèbre comme Dieu sur terre.

La Seine en aval du Pont-Neuf, à Paris. J.B. Raguenet (1715-1793) © Photo RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

Arlette Farge prend le point de vue des gens de tous les jours, dans leur capacité à regarder, comprendre et aimer. La multitude n’est plus un amas de gueuserie, elle a un coeur, pleure, jouit et rêve. Stratégie matrimoniale, escrocs à la manque, petit commerçants, artisans, policiers voleurs d’enfants, ouvriers frondeurs, prostituées, ravaudeuses… le petit peuple perdu du Paris de l’Ancien Régime revient à la vie, dans un monde oublié, où l’injustice est constitutive de l’ordre social, acceptée voire plébiscitée même dans ce qu’elle a de plus arbitraire. Nous ne sommes pas là dans l’ouvrage à thèse ni militant. Le livre d’Arlette Farge fait bien mieux que mener un combat. Il démontre par le fait qu’exprimer le réel, dans ce qu’il a de plus factuel mais aussi de plus rose et sentimental, c’est ramener à la vie l’âme et la dignité des oubliés.

De ces tableaux se dégagent de la précarité et de la force, la volonté de ne jamais se laisser abuser ou démunir. Dans Paris, tout vit, bouge et meurt sans répit sous les yeux de chacun, dans un espace ouvert où le voisin, qu’il soit ami ou ennemi, est le perpétuel témoin de soi-même.
— page 13
 

Le destin de Mr Crump, Ludwig Lewisohn

Le destin de Mr Crump est un roman qui a fait scandale à la fin des années 1920, pour outrage aux bonnes moeurs, comme L'amant de Lady Shatterley . Encensé par Freud, préfacé par Mann, c'est un chef-d'oeuvre sous-estimé, dont certains passages sont virtuoses. Quand le livre de DH Lawrence est devenu un grand classique qui permet de sourire de la pudibonderie de la société de l'époque, celui de Lewisohn garde quelque chose d'incandescent.

Il ne dépeint pas seulement l'enfer du mariage mais aussi le désir méthodiquement disposé de la destruction de l'autre dans le cadre de la vie quotidienne, installée et adoubée par la loi. Jamais je n'ai lu d'ouvrage aussi beau et lucide sur l'emprise et la toxicité.

La tête de Herbert retomba sur sa poitrine, son sang bourdonna dans ses oreilles. Autrefois, à New York, elle avait paru humaine. Ne pouvait-il faire appel à ses sentiments, à sa raison ?
— page 177

Clinique, il fouille la rage existentielle et morbide d'Anne, une femme détruite par la vie, voulant faire payer son propre malheur à Herbert, son jeune mari, musicien talentueux, tendre naïf qui tâche de s'accomplir et de s'émanciper. Le destin de Mr Crump questionne le mystère de cette colère indéracinable, qui mène la pulsion de destruction la plus crue à prendre les autours de la séduction et le désir inconscient de s'y laisser prendre chez sa proie, laquelle passe très vite du statut de sauveur à celui de bourreau, harassée par la victimisation inlassable de son épouse, laquelle justifie l’injustifiable par un sentimentalisme de bazar. Nous connaissons tous un Herbert ou une Anne. L’humanité face à la sociopathie. Peut-être avons-nous même été l'un d'eux.

 

Mon dernier soupir, Buñuel

Après avoir vu Viridiana, songeant à combler mes immenses lacunes dans le domaine du cinéma, je me suis lancé dans la lecture de l’autobiographie de Buñuel, consignée par Carrière, intitulée Mon dernier soupir.

Comme dans son film, j’ai retrouvé la même lucidité sévère, sur le Bien comme le Mal, et une espèce de bonhommie dure, qui chasse l’ingrat, le malveillant, et embrasse de tout son coeur celui ou celle qu’elle aime. Buñuel est tendre, curieux et honnête dans ses sidérations face à Dieu, ses appétits d’amour et ses terreurs morbides.

Un artiste, ça recrée la réalité à partir ce qui en semble le plus éloigné : les rêves, les autres oeuvres de l’esprit et l’espoir délirant de contenir le monde en soi. Et cela échappe à toute morale, toute doctrine.

Il me semble en réalité qu’il n’était pas nécessaire que ce monde existe, pas nécessaire que nous soyons ici en train de vivre et de mourir.
— Luis Buñuel
 

Le sillon ou l'erreur par habitude

Je termine la lecture de Guerriers et paysans de Georges Duby. Une histoire des mutations économiques entre les VIIe et XIIe siècle, qui ont vu la fin de l’esclavage en Europe, l’instauration du féodalisme et la montée en puissance de l’Église, entre autres. C’est un ouvrage d’une clarté dense, sur un des âges les plus méconnus de notre histoire, surtout le très haut Moyen-âge. Duby n’échappe pas à la tentation hégéliennes des historiens, lesquels outrepassent leurs tâches et s’aventurent dans la métaphysique ou la philosophie. Un travers que je trouve savoureux, tout comme la digression, et dont Michelet est peut-être le plus célèbre spécimen.

Il ne faut pas croire qu’une société humaine se nourrisse de ce que la terre où elle est implantée serait la plus apte à produire ; elle est prisonnière d’habitudes qui se transmettent de génération en génération et qui se laissent difficilement modifier.

La tragédie des habitudes, des chemins pris par l’histoire et dont nous sommes prisonniers. De quoi gâcher une vie, condamner l’humanité à sa perte. Enjeu et prodige : savoir conserver un oeil sur les routes non empruntés, les possibles vierges. Quels périls encourons-nous à tenter de les rallier ?

 

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Notre jeunesse, Charles Péguy

Une note de lecture qui dégénère en brillant essai sur le rêve d’une politique jamais lâche, jamais vile, jamais intéressée, sinon par les buts et la noblesse qui la portent. Le dreyfusisme fut un grand soulèvement, il a bâti la valeur humaine, la dignité d’un seul être à conquérir sur l’institution. Certains y ont perdu leur vie et leur dignité pour ne récolter que l’oubli, comme Bernard Lazare.

Photo credit: josefnovak33 on VisualHunt

Ceux qui se taisent, les seuls dont la parole compte.

L’essai de Péguy est une célébration du courage, une flétrissement de la bassesse, surtout quand elle s’empare de la morale pour se faire cheffe de parti. En cela, il méprise Jaurès. Dans sa parlote brillante, sa ratiocination tenace qui ronge et fouille, Péguy pose des phrases devenues maximes, ainsi que la célébration d’une idée française de l’engagement et de l’universalisme.

Les antisémites parlent des Juifs. Je préviens que je vais dire une énormité : les antisémites ne connaissent pas les Juifs. Ils en parlent, mais ils ne les connaissent point.

Oui, cet essai peut avoir quelque chose de contemporain, d’annonciateur et de visionnaire. Notre jeunesse est surtout inactuel, sans compromis pour les chapelles d’alors, les intérêts en campagne et les jeux des machines politiques ou des convenances. Péguy l’a payé cher, rudement. Il reste l’un des nôtres, surtout pour ceux qui sont en quête de courage et de renouveau. Et ces derniers sont nombreux, fatigués de ne plus trouver de mystique et d’espoir dans la politique, cet univers où tant de médiocres occupent les places de choix. Et ils le crient en s’abstenant.

Non seulement nous fûmes des héros, mais l’affaire Dreyfus au fond ne peut s’expliquer que par ce besoin d’héroïsme qui saisit périodiquement ce peuple, cette race, par un besoin d’héroïsme qui alors nous saisit nous toute une génération.
 

Beowulf

Lisant Beowulf, je songe à Borges et ses douteuses admirations littéraires, dignes d’un grand enfant (hormis celle qu’il voue à Conrad, mais cela n’engage que moi). Parfois, je m’amuse à lire les vers en saxon, incompréhensibles. Mais la paronymie joue son rôle, porte le souffle et la mémoire du réciteur. L’hémistiche soutient l’ensemble, déploie la scansion et l’attente toujours trompée par l’écrasement des sons. Dans cette aventure d’un héros parmi les monstres, où Dieu apparaît comme un intrus arrivé là sur le tard, on sent quelque chose du conte primordiale, dans sa plasticité rustique et l’élaboration ultra ornée de certaines métaphores, semblables à celles des scaldes.

 

Ramasse-vioques, Juan Carlos Onetti

L’installation d’un bordel dans une petite ville de province. Un homme sans envie qui ramasse de vieilles peaux pour en faire des belles de nuit sur le retour. Il n’y a rien de très grand ni de sublime, mais c’est un roman magnifique, sur le vide métaphysique, la beauté de ses apories et des tortures qui y mènent. Et puis il y a la langue d’Onetti, clinique et lyrique, aussi dépouillée, labile et construite qu’un latin de scholiaste qui aurait fait le tour de la planète de Dieu pour se dire : “Ce n’est que ça ?”.

Nos visages ont un secret, quoiqu’il ne soit pas toujours celui que nous tâchons de cacher

Levinas et le visage

La philosophie du visage, en un temps où on le voit si peu. Et l’éthique, en une époque où on voudrait la faire passer pour un tic de la pensée.

Il y a dans l’apparition du visage un commandement, comme si un maître me parlait.
— Emmanuel Levinas
Je pense, quant à moi, que la relation à l’Infini n’est pas un savoir, mais un Désir.
— Emmanuel Levinas
Le Désir est comme une pensée qui pense plus qu’elle ne pense, ou plus que ce qu’elle pense.
— Emmanuel Levinas

Au Groupe Ouest

Une semaine (de travail) incroyable au sein du Groupe Ouest, sur la côte des Légendes. Un lieu hors du commun.

Les Géorgiques, Claude Simon

Un seul être, ou deux, ou trois, protéiforme et unique, comme la douleur, la peur, la guerre et le froid. C’est la bande ininterrompue du temps, torsadée au point d’y voir l’advenu et le futur se toucher. Nul ne sait de quoi il en retourne. On ne connaît que l’intensité tonitruante de sentiments profonds, d’impressions térébrantes. Et que cela fait office d’éternel au genre humain.

Le siècle des Lumières, Alejo Carpentier

Un passage de l'histoire des indiens Caraïbes. Baroque et cosmique.

L’action de cet ouvrage de Carpentier se tient à la fin du XVIIIème siècle. Il est la preuve que le roman historique n’existe pas. Tout comme le soi-disant roman régionaliste. Il n’y a que le récit qui vaille, frayant dans l’inactuel.

Fond et forme, leçon de l'Inde ancienne

Lu dans l'introduction de l’Histoire des dix princes, rédigée par Marie-Claude Porcher également traductrice de ce récit de l'Inde médiévale écrit par Dandin.

Nabokov, au sujet de Lolita

Non, la littérature n’est pas un reportage, ni un livre de choses, ou encore un manuel de morale ou d’éthique.