Baptiste Fillon

(rien à voir avec François)

Le site de Baptiste Fillon, auteur du roman Après l'équateur, publié chez Gallimard, dans la collection Blanche.

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Ecrits corsaires, Pier Paolo Pasolini

Pasolini attaque partout, avec l’intransigeance de l’intellectuel, la clairvoyance de l’inactuel.

Une droiture que l’on ne pardonnait pas, dans l’Italie des années de plomb. Pasolini fut déchiqueté sur une plage d’Ostie.

Il se dit communiste, mais Pasolini est autre chose, et il est encore autre chose qu’autre chose, où se trouvent le confort, la lâcheté.  L’Italie est un grand et vieux pays, arrivé très jeune et immature dans la société de consommation. En quelques années, la vieille Italie de la souffrance et de la dignité s’est convertie en bazar, en parodie.

Le bombardement idéologique télévisé n’est pas explicite : il est tout entier dans les choses, tout indirect. Mais jamais un “modèle de vie” n’a vu sa propagande faite avec autant d’efficacité qu’à travers la télévision. Le type d’homme ou de femme qui compte, qui est moderne, qu’il faut imiter et réaliser, n’est pas décrit ou analysé : il est représenté !

Parfois verbeux, toujours déchaîné, honnête, Pasolini évoque l’indifférentisme de la société de masse, qui lisse les points de vue, les rêves et les aspirations. Plus rien de grand, d’inactuel, sinon le vécu, le présent, la satisfaction immédiate, le jeu, et le cynisme de ceux qui encouragent l’aveuglement. Rien de plus sérieux que l’accumulation, la parade.  

Il ne faut jamais, en aucun cas, craindre l’immaturité des électeurs : cela est brutalement paternaliste ; c’est le même raisonnement que font les censeurs et les magistrats quand ils considèrent que le public n’est pas “mûr” pour voir certaines oeuvres.

La société de la liberté a besoin d’adultes, d’esprits constitués, capables de prendre du recul, et d’avoir du courage ; à défaut, les manipulateurs se chargeront de constituer les hommes, à leur guise.  Ce que nous voyons aujourd’hui au sein du parti de la haine, de la bêtise, de l’inculture et de l’immédiateté : les fanatiques et les idiots cruels, religieux comme politiques.